Ne vous souciez « jamais » des chiffres : aidez une personne à la fois

“Ne vous souciez jamais des chiffres. Aidez une personne à la fois et commencez toujours par la personne la plus proche de vous. – Mère Teresa

Nouvelle année, nouvelles statistiques, nouveau tableur, nouveau logiciel…nouvelle contrainte…épidermique souvent…pour nous les travailleurs sociaux…et si cette année nous changions de regard sur cette contrainte ?

Contrainte de pilotage institutionnel, politique, budgétaire, nous ne pouvons pas nous soustraire à ces obligations.

Alors que j’ai toujours eu une aversion pour ces cases à cocher, je me surprend à me construire au sein de ma propre entreprise, des indicateurs de pilotage pour comprendre et réguler mon activité.

Je construis mes propres outils et pourtant je suis complètement incapable d’en construire un qui viendrait rendre compte, de ce que je vis dans mon quotidien professionnel.

Comment décrire, répertorier les processus de changement qui se mettent à l’œuvre lorsque l’on accompagne une personne ?

Comme le dit Carl R.ROGERS « Une personne est un processus fluide, pas une entité fixe et statique ; une rivière de changement qui coule, pas un bloc de matériau solide ; une constellation de potentialités en constante évolution, et non une quantité fixe de traits. »

Comment transmettre les émotions, la magie qui s’opère lorsque la personne se reconnecte à elle-même et reprend confiance en elle ? Comment décrire que la flamme de la vocation du travail social qui était vacillante arrive à retrouver de la vigueur ? Comment remplir une case lorsqu’une personne m’émeut aux larmes, lorsqu’elle retrouve son énergie après des mois de souffrance et de questionnements ?

Tout cela je n’ai pas trouvé comment le quantifier car aucune case, aucun chiffre ne pourra jamais rendre compte de ce qui est vivant dans la relation d’aide.

Je le ressens, je le vis, je sais juste que c’est inscrit précieusement à l’intérieur de mon cœur, de chaque cellule de mon corps et que c’est cela qui me donne cette énergie indéfectible de croire en l’humain, en sa capacité de changement et me donne ce pouvoir de résilience.

Alors si derrière chaque nombre d’entretiens, de personnes accompagnées, derrière chaque mesure quantitative, je mets un souvenir, une émotion, alors les chiffres sont le symbole de ce qui est vivant et de ce qui s’est transformé dans la rencontre.

A partir de ce moment seulement, je peux alors regarder avec douceur ces chiffres… très réducteurs, frustrants, insuffisants… mais si je me connecte à mon cœur je sais alors que j’ai la chance de vivre pour moi le meilleur métier du monde, celui de la relation d’aide.

Je vous souhaite une merveilleuse année, riche de ce que nous ne pourrons jamais décrire avec des chiffres !

Carole